Le hasard aura voulu que l’affaire d’Onclusive tombe au moment même où le gouvernement installe le premier comité de l’intelligence artificielle. Composé d’acteurs spécialisés dans la recherche, ce comité, mis en place mardi par la Première ministre Elisabeth Borne, qui en avait pris l’engagement devant l’université du Medef, a pour objectif de « présenter des propositions concrètes d’ici six mois afin d’adapter la stratégie du gouvernement au sujet de l’intelligence artificielle. »
Coprésidé par Philippe Aghion, économiste spécialiste de l’innovation et Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’École normale supérieure (ENS), ce comité de 15 membres comprend entre autres Gilles Babinet, président du Conseil national du numérique, Luc Julia, expert en intelligence artificielle générative, Cédric O, consultant et ancien secrétaire d’État au Numérique ou encore Yann Le Cun, vice-président et Chief AI Scientist chez Meta (Facebook).
Faire de la France une championne de l'IA
« Dès 2018, la première phase de la stratégie nationale pour l’IA, lancée par le président de la République, a permis de développer une filière de rang mondial. Aujourd’hui, face à ces nouveaux défis, nous devons renforcer nos formations pour développer davantage de talents en France, investir pour favoriser l’innovation française sur la scène internationale et définir une régulation adaptée des différents secteurs pour protéger des dérives », a indiqué Matignon.
C’est qu’en cinq ans, le paysage de l’intelligence artificielle a profondément changé, la technologie s’est considérablement renforcée et les intelligences artificielles génératives – très médiatisées mais qui ne représentent qu’une partie de l’IA – ont mis sur le devant de la scène de véritables prouesses pour générer du texte, créer des images et des vidéos.
Après un rapport sur l’intelligence artificielle rédigé par le mathématicien et alors député Cédric Villani en 2018, qui a notamment lancé la création d’un réseau d’Instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle avec 1,5 milliard d’euros de crédits, Emmanuel Macron a plaidé pour développer « un écosystème d’innovations » avec des leviers de financement inclus dans le plan France 2030. « Dans le domaine de l’intelligence artificielle, je veux que la France soit championne et se positionne en pointe de cette nouvelle révolution industrielle », indiquait le président de la République en juin dernier.
Toulouse dans la course
Lancé en juin, l’appel « IA-cluster » doté de 500 millions d’euros vise à faire émerger de 5 à 10 universités et écoles en tant que leaders européens et mondiaux en intelligence artificielle. La France espère placer trois établissements dans le Top 50 mondial des universités dans le champ de l’IA, et doubler le nombre de spécialistes de haut niveau en IA (notamment ingénieurs et docteurs).
L’institut toulousain ANITI (Artificial and Natural Intelligence Toulouse Institute), qui fait partie, avec Grenoble, Nice et Paris, des quatre instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA) lancé en 2018, travaille sur deux grands secteurs stratégiques d’application de l’IA (mobilité/transport et robotique/cobotique) et a répondu à cet appel à projet.
(Article publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 21 septembre 2023)