Alors que les réseaux mobiles 2G et 3G disparaîtront progressivement entre 2026 et 2029, l’Arcep vient de mettre en place un suivi trimestriel du nombre de cartes SIM encore actives dans les terminaux non compatibles avec la 4G et la 5G. Objectif : mesurer l’impact pour les utilisateurs et anticiper les actions nécessaires à la transition.
Les réseaux mobiles de deuxième et troisième générations (2G et 3G), déployés dans les années 90 et 2000, s’apprêtent à vivre leurs derniers mois d’activité en France. Les opérateurs télécoms ont fixé entre 2026 et 2029 l’arrêt progressif de ces infrastructures, jugées obsolètes au regard des enjeux de sécurité, de performance et d’efficacité énergétique. Afin d’accompagner cette mutation, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) vient de lancer un nouvel observatoire trimestriel, centré sur le parc de cartes SIM encore utilisées dans des terminaux limités à la 2G ou à la combinaison 2G/3G.
Ce suivi s’ajoute aux statistiques déjà publiées par l’Arcep sur le parc global de cartes SIM en France et répond à une double préoccupation : mesurer la vitesse de décroissance de ces usages et s’assurer que les utilisateurs soient informés à temps des échéances de fermeture. Présenté pour la première fois lors d’une rencontre organisée avec la Direction générale des entreprises et les acteurs du secteur, l’observatoire révèle l’ampleur d’un parc encore significatif.
5,9 millions de cartes SIM toujours actives
Au deuxième trimestre 2025, 5,9 millions de cartes SIM étaient ainsi toujours actives dans des équipements exclusivement compatibles 2G ou 2G/3G en métropole. La tendance est toutefois clairement à la baisse : en un an, le volume a reculé d’environ un tiers. Dans le détail, 2,7 millions de cartes (45 %) sont insérées dans des terminaux destinés aux usages voix, SMS ou internet mobile, dont 1,6 million en 2G seule et 1,1 million en 2G/3G. Les 3,2 millions restants (55 %) se trouvent dans des équipements de type machine to machine (M2M), notamment systèmes de télésurveillance, dispositifs de téléassistance ou téléalarmes d’ascenseurs.
Ces usages industriels et de sécurité sont particulièrement sensibles. Fin juin 2025, l’Arcep a constaté une baisse de 18 % du nombre de cartes SIM M2M par rapport à décembre 2024. Une diminution notable mais insuffisante au regard du calendrier d’extinction. C’est pourquoi le régulateur insiste sur la nécessité d’un accompagnement renforcé des acteurs concernés, en lien avec les opérateurs et les fédérations professionnelles.
Des réseaux 2G et 3G obsolètes et énergivores
La Fédération française des télécoms (FFT) rappelle de son côté les raisons stratégiques de cette transition. Les réseaux 2G et 3G, conçus dans un contexte technologique ancien, présentent aujourd’hui de fortes vulnérabilités. Leurs protocoles de chiffrement et de signalisation ne répondent plus aux standards actuels de cybersécurité. En parallèle, leur exploitation pèse lourdement sur la consommation énergétique : selon une étude de l’Arcep en 2023, ils représentent encore entre 21 % et 33 % de l’énergie totale utilisée par les infrastructures mobiles, alors que leur part dans les usages ne cesse de diminuer.
Le basculement vers la 4G et la 5G vise donc à conjuguer trois objectifs : renforcer la sécurité des communications, réduire l’empreinte énergétique du secteur et accompagner la montée en puissance des usages numériques. La généralisation de la 4G et l’extension de la 5G permettent ainsi d’offrir une meilleure couverture, des débits supérieurs et une fiabilité accrue, adaptée aux besoins croissants des particuliers comme des entreprises.
Des solutions de remplacement sont proposées
Les opérateurs, regroupés au sein de la FFT, affirment avoir engagé un travail d’identification proactive de leurs clients encore dépendants des réseaux en voie d’extinction. Des campagnes de communication sont menées par SMS, courriels ou via les services clients. Des solutions de remplacement sont proposées, qu’il s’agisse de terminaux compatibles VoLTE (voix sur 4G), de cartes SIM récentes ou d’offres IoT (internet des objets) adaptées. Certaines entreprises, comme Orange, ont déjà publié des calendriers précis d’arrêt de la 2G, avec une phase pilote dans le Sud-Ouest dès 2026.
La réussite de cette migration dépendra de la capacité à mobiliser l’ensemble des parties prenantes. Pour les particuliers, il s’agira essentiellement de remplacer les appareils les plus anciens encore limités à la 2G ou la 3G. Pour les acteurs économiques, la tâche est plus complexe, car de nombreux systèmes critiques — ascenseurs, alarmes, équipements médicaux — reposent encore sur ces technologies. L’Arcep appelle donc à anticiper sans délai, afin d’éviter toute rupture de service.
