Par Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au
Lorsqu'en 2007, Amazon – qui n'était pas encore le géant du cybercommerce actuel mais qui avait déjà bousculé le marché du livre – lance sa liseuse Kindle, nombreux sont ceux qui pensent voir dans cet appareil le successeur du livre. Légère, avec un écran en niveaux de gris fonctionnant à l'encre électronique pour reproduire la sensation d'une page de livre, et avec une mémoire capable de contenir plusieurs centaines d'ouvrages numériques vendus moins cher que leur version traditionnelle : la liseuse ne manquait pas d'arguments. Mais depuis, le succès rouleau compresseur n'a pas eu lieu. La diversité de formats de livres électroniques incompatibles entre différentes marques de liseuses a été un handicap fort de départ. La qualité des écrans, devenus rétro-éclairés comme les tablettes, s'est sans cesse améliorée mais n'a jamais égalé celle du papier. Et le plaisir d'avoir un vrai livre est sans commune mesure avec la froideur d'une liseuse. «Les Français restent attachés à l'objet livre. La lecture de livres numériques évolue de manière marginale et ne cannibalise pas le format papier», note Vincent Monadé, président du Centre national du livre (CNL).
Le marché tiré par les 15-24 ans
Après une nette progression entre 2015 et 2017 (24 % de lecteurs de livres numériques en 2019 et 2017 contre 19 % en 2015), le taux de lecteurs de livres numériques marque un palier en 2018 : 4 livres lus au format numérique en 2018 contre 3 en 2017 et 2 en 2015, selon le dernier baromètre 2019 «Les Français et la lecture». Le taux de lecteurs de livres numériques est en revanche toujours plus élevé chez les 15-24 ans, qui plébiscitent notamment les BD. 47 % ont lu au moins un livre numérique au cours des 12 derniers mois, contre 13 % chez les 65 ans et plus. Cette classe d'âge consomme 8 livres numériques par an tandis que chez les 65 ans et plus, on est à 1 livre en moyenne. Les femmes lisent tendanciellement plus de livres : 5 contre 3 en 2017.
Le marché du livre numérique en France reste toutefois dynamique. La dernière enquête menée par OpinionWay en 2018 sur le livre numérique montre que les usages des lecteurs de livres numériques se diversifient et s'intensifient : lecture sur smartphone, tablette ou liseuse, prêt numérique en bibliothèque et adoption rapide du format audio. Seule ombre au tableau l'hégémonie d'acteurs américains : Amazon, Rakuten, Apple, Google s'accaparent 90 % du marché. En France, les libraires hexagonaux sont sous-représentés avec à peine 10 % de part de marché, ce qui, à terme, pourrait remettre en cause l'équilibre du marché du livre français.
Face à ce défi, des acteurs prennent des initiatives. Bookeen (spécialiste des liseuses depuis 2003) et Tite-Live (pionnier des logiciels de gestion de libraires et des bases de données culturelles depuis 1983) ont décidé de s'allier. En septembre prochain, ils entendent proposer une nouvelle gamme de liseuses, des applications mobiles de lecture et d'écoute, un nouveau standard de protection anti-copie, et une plateforme pour la distribution de livres numériques et audio. Cette solution technique disponible pour tous les libraires leur permettra de vendre des livres dématérialisés aux particuliers comme aux professionnels.