Le marché de la voiture électrique ne se jouera pas forcément sur l’autonomie, la capacité des véhicules à être rechargés rapidement voire l’agrément de conduite. C’est le prix des véhicules qui va voir s’engager une intense bataille entre les différents constructeurs autour de la voiture à moins de 25 000 €. Loin des Tesla, des Porsche ou des voitures chinoises qui vont débarquer en masse avec des prix très largement au-dessus, la transformation du marché automobile se fera d’abord avec ces véhicules d’entrée de gamme.
Des voitures (vraiment) bonnes pour l'environnement
D’abord parce qu’ils correspondent à la philosophie de ce que devrait être une voiture électrique : une citadine pour les trajets du quotidien et non pas une routière ou un SUV à grosse batterie pour les longs trajets. « Sur l’ensemble de sa durée de vie, une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (inférieure à 60 kWh) » rappelait ainsi l’Ademe. « Avec une batterie de taille supérieure, l’intérêt environnemental n’est pas garanti étant donné la variabilité des consommations liées à la masse du véhicule et aux conditions d’utilisation. »
L'ancienne R5 et la future 100% électrique Renault |
Ensuite, ces « petites » voitures électriques sont davantage pertinentes parce que l’évolution du bonus automobile prévu en 2024 (qui tiendra compte de tout le cycle de production de la voiture) pourrait bien les avantager.
C’est la raison pour laquelle la plupart des constructeurs se sont lancés dans une course pour proposer le meilleur modèle à moins de 25 000 €. En présentant en 2021, dans le cadre de son programme « Renaulution », la future R5 électrique, qui sortira en 2024, Renault espère marquer les esprits. Le néo-rétro fait vendre – la Fiat 500 est là pour le prouver – et le prix de 25 000 € devrait assurer à Renault une place de choix dans ce segment, lui qui a réalisé un carton avec la Dacia Spring électrique.
Les Chinois en embuscade
Mais la concurrence sera rude. Après le scandale du Dieselgate, Volkswagen a accéléré et a prévu de sortir 10 modèles électriques d’ici 2026. Parmi eux, la iD.2, un petit SUV urbain, dont une mise à jour de la plateforme MEB a été présentée en décembre. Le prix de la iD.2, attendue en 2026, devrait être contenu à 25 000 € contre 20 000 € un temps annoncés.
Stellantis va aussi entrer dans la danse. En juin, Citroën a annoncé la e-C3, « qui mettra l’accent sur le confort […] et proposera plus de 300 km d’autonomie à un tarif, hors bonus, inférieur à 25 000 €», avait annoncé la marque aux chevrons. Le 5 août dernier, Fiat a confirmé à Bloomberg l’arrivée en 2024 de la Fiat Panda électrique, elle aussi à moins de 25 000 €. Il existe un « réel besoin de véhicules électriques plus abordables » assure Olivier François de Fiat. Cette Panda électrique – dont la version thermique fut un immense succès – devrait s’inspirer du concept car Cientoventi.
Ces citadines électriques européennes, potentiellement éligibles à la location à 100 € par mois promise par Emmanuel Macron, devront toutefois affronter de redoutables concurrentes chinoises. La marque Jiangnan propose sa U2, Leapmotor une T03 qui était attendue à moins de 20 000 € mais sera commercialisée à 25 990 euros.
(Article publié dans La Dépêche du Midi du 10 août 2023)