Selon une enquête Firefox-YouGov, les Français aspirent à plus d’indépendance numérique, mais se heurtent à la surcharge de décisions, au suivi des données et à un sentiment d’impuissance face aux géants de la tech.
Une enquête publiée par Firefox, réalisée avec l’institut YouGov auprès de 2 012 adultes français, met en lumière une aspiration forte mais contradictoire : les Français veulent reprendre la main sur leur vie numérique et donc leurs données personnelles, tout en se sentant dépassés par la complexité des choix qui leur sont proposés. Dans un environnement numérique saturé d’options, l’autonomie apparaît, en effet, comme un idéal difficile à concrétiser.
Premier enseignement : la multiplication des choix n’est pas vécue de manière univoque. Une majorité relative des répondants (52 %) déclarent apprécier, ou ne pas être gênés par, la profusion d’options disponibles au quotidien. Mais 40 % estiment au contraire que cet excès devient accablant. Cette tension se traduit par un impact émotionnel tangible, particulièrement chez les plus jeunes. Plus d’un Français sur deux parmi la génération Z (53 %) associe la prise de décision répétée à un sentiment d’épuisement ou à la peur de passer à côté d’une meilleure option. Ce phénomène, souvent résumé par l’acronyme FOMO, recule avec l’âge et ne concerne plus que 30 % des baby-boomers.
Le refus de partager ses données
Dans ce contexte, l’indépendance numérique se construit moins par la maîtrise technique que par des actes symboliques de résistance. Pour 44 % des Français, refuser de partager ses données personnelles constitue l’expression la plus forte de cette défiance. Le choix du navigateur internet arrive ensuite : un quart des répondants y voient un levier concret d’autonomie, au même titre que la sélection des informations consultées ou la gestion du temps passé en ligne. En revanche, seuls 16 % déclarent choisir réellement les communautés ou plateformes qu’ils fréquentent, signe d’un contrôle perçu comme limité. Les usages liés à l’intelligence artificielle ou à la construction d’identités numériques alternatives restent marginaux.
L’étude met également en évidence un malaise croissant face aux mécanismes de suivi et de personnalisation. Près de quatre Français sur dix se disent frustrés par la collecte de données opérée par les grandes entreprises technologiques sans consentement explicite. Un tiers dénonce les contenus et publicités ciblés, tandis que 30 % s’inquiètent de l’utilisation de leurs données pour entraîner des systèmes d’IA. Cette surveillance diffuse alimente un sentiment d’impuissance, renforcé par l’idée que les efforts individuels arrivent « trop peu, trop tard ».
Résultat : seuls 12 % des répondants estiment pouvoir faire des choix réellement efficaces pour protéger leur vie privée. Entre résignation, lassitude et incompréhension, l’autonomie numérique reste largement théorique, malgré une prise de conscience désormais bien installée.
