À l’occasion du salon VivaTech 2025, le gouvernement a présenté une série de nouveaux dispositifs visant à accélérer la convergence entre intelligence artificielle et robotique, dans le cadre du plan France 2030. Trois ministres – Philippe Baptiste (Recherche), Marc Ferracci (Industrie) et Clara Chappaz (IA et Numérique) – accompagnés de Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, ont dévoilé des mesures structurantes pour soutenir les projets de recherche, favoriser l’innovation de rupture et faciliter le passage de la technologie au marché.
Un programme de recherche pour lever les verrous scientifiques de la robotique intelligente
Premier axe de cette stratégie : un programme de recherche en robotique doté de 30 millions d’euros, piloté par le CNRS. Il vise à structurer la recherche fondamentale autour des grands défis de la robotique intelligente, en intégrant pleinement les avancées de l’intelligence artificielle. Ce programme financera notamment des thèses, post-doctorats et postes d’ingénieurs de recherche. Il traitera des problématiques critiques comme la locomotion, la perception, la frugalité énergétique, ou encore la capacité d’adaptation des machines intelligentes.
La création d’une communauté scientifique unifiée IA/Robotique est également prévue, tout comme le renforcement des partenariats industriels et européens. L’objectif est de permettre à la France de se positionner sur les briques technologiques critiques de la robotique du futur.
Un dispositif "Pionnier de l’IA" pour soutenir les innovations de rupture
Deuxième mesure annoncée : la mise en place prochaine d’un dispositif de financement pour les projets d’innovation de rupture par l’IA, avec un accent particulier sur la robotique. Ce programme visera les start-up deeptech, laboratoires ou consortiums public-privé qui allient excellence scientifique et potentiel de transformation industrielle.
Les candidats devront présenter un cas d’usage aligné sur les priorités économiques stratégiques du pays, un pari technologique mesurable rapidement, ainsi qu’un accès qualifié aux données. Ce soutien ciblé doit permettre l’émergence de solutions à fort impact dans des secteurs industriels clés.
Un appel à manifestation d’intérêt "Robotique et machines intelligentes"
Troisième pilier de la stratégie : le lancement d’un AMI (appel à manifestation d’intérêt) pour identifier les projets collaboratifs dans le domaine de la robotique "IA native". L’enjeu est de développer des machines à la fois efficaces en énergie, robustes, modulables et conviviales dans leurs interfaces avec les utilisateurs. Les projets pourront déboucher sur des appels à projets spécifiques dans deux catégories : les “flagships” sur les fonctions critiques enrichies par l’IA, et les initiatives industrielles pour structurer de nouvelles filières robotiques.
Pour accompagner l’ensemble de ces efforts, les agences de programmes de France 2030 (numérique, systèmes, composants) se voient confier une mission robotique. Celle-ci inclura une veille sur les technologies clés, l’animation de coopérations internationales et le soutien aux partenariats public-privé.
Cette approche transversale complète les dispositifs déjà en cours. Le projet Pendragon, porté par le ministère des Armées, ambitionne par exemple de développer une forme d’intelligence collective distribuée entre robots, capable d’adapter en temps réel les prises de décision à l’environnement opérationnel. Il mobilisera à la fois industriels, centres de recherche et services de l’État.
Pour Philippe Baptiste, « l’interaction entre IA et robotique est un défi scientifique sans précédent ». Marc Ferracci souligne son rôle dans la réindustrialisation durable du pays, tandis que Clara Chappaz évoque « une terre d’accueil pour les idées les plus audacieuses ».
Deux projets lauréats
Le projet Spider d’AXGROUP, financé à hauteur de 574 000 €, vise à développer un robot autonome de nettoyage de toitures photovoltaïques, autoalimenté en énergie et en eau grâce à un capteur solaire et à l’eau de pluie.
Le projet LOGIE AI, lauréat d’un appel sur l’IA générative, est financé à hauteur de 3 millions d’euros. Il est porté par un consortium incluant Enchanted Tools, NXP, Inria et plusieurs laboratoires, avec la participation d’Hugging Face. Son ambition est de créer des robots capables d’interagir avec des humains dans des environnements complexes (logistique, santé, commerce) grâce à une IA embarquée, moins dépendante du Cloud, et capable de comprendre les ordres contextuels en temps réel.