Une étude sectorielle de l’Afnic met en lumière le décalage croissant entre viticulteurs et reste du monde agricole en matière de présence en ligne. Très équipés, offensifs sur la publicité et structurés dans leur stratégie numérique, ils démontrent le potentiel encore largement sous-exploité du web dans l’agriculture.
Dans un paysage agricole où la transition numérique demeure inégale, les viticulteurs apparaissent comme un groupe particulièrement en avance sur internet. L’étude sectorielle de l’Afnic (Association Française pour le Nommage Internet en Coopération, qui gère les sites web en. fr), menée auprès de 1 002 TPE et PME du secteur entre juillet et août 2025, dresse un contraste net entre la filière viticole et l’ensemble des agriculteurs. Avec 79 % de sites internet actifs, contre seulement 27 % pour le reste du secteur, les viticulteurs ont ainsi fait du web un véritable levier d’activité. Leur présence sur les réseaux sociaux atteint 92 %, là où la moyenne agricole plafonne à 65 %.
Les viticulteurs investissent d’ailleurs massivement dans la promotion en ligne : 76 % achètent de la publicité sur les réseaux sociaux, 54 % utilisent des bannières sur des sites à fort trafic et 24 % recourent aux liens sponsorisés. Ce volontarisme contraste avec les pratiques du secteur agricole dans son ensemble, selon l’Afnic, où 69 % des professionnels ne mènent aucune action publicitaire. Plus présents, les viticulteurs se montrent également plus constants : 68 % déclarent consacrer plus d’une heure par jour à leur présence en ligne, contre 33 % chez les autres agriculteurs.
Une présence en ligne qui impacte directement l’activité économique
Ces efforts se traduisent directement dans l’activité économique. Ainsi, près d’un viticulteur sur cinq vend via son site de e-commerce, contre 6 % seulement dans l’agriculture au sens large. L’impact se mesure aussi dans le chiffre d’affaires : 38 % réalisent plus de 30 % de leurs ventes grâce à internet, un niveau très supérieur aux 12 % observés dans le secteur agricole. La rentabilité perçue suit la même tendance : 79 % jugent leur temps investi en ligne rentable, un écart considérable avec les 35 % du reste du secteur.
À rebours, la majorité des agriculteurs demeure cantonnée à un usage minimaliste du web. Internet y est d’abord perçu comme un outil pour "être trouvé facilement" (78 %), bien plus que comme un canal de vente ou de relation client. L’absence de temps et de moyens constitue aussi un frein majeur : 48 % déclarent ne pas pouvoir s’en occuper, contre 4 % seulement dans l’étude globale. Cette prudence se traduit dans les pratiques : 95 % s’appuient sur les annuaires, tandis que seuls 27 % disposent d’un site internet et 5 % d’une présence sur des places de marché.
Lorsqu’ils franchissent le pas, les agriculteurs adoptent toutefois des comportements structurés, notamment en matière d’identité numérique. Le ". fr" domine largement : 77 % des sites utilisent cette extension, et 47 % ont mis en place une stratégie de nommage élargie. L’ancrage territorial, central dans les productions agricoles, renforce ce choix.
Un niveau de vigilance élevé en cybersécurité
Enfin, l’étude met en évidence un niveau de vigilance élevé en cybersécurité : 95 % sauvegardent régulièrement leurs données, 99 % utilisent des mots de passe complexes et 99 % déclarent protéger leur site par des solutions dédiées. Ces résultats, très supérieurs à ceux du panel global, témoignent d’une sensibilisation forte, même si certaines réponses pourraient refléter une surestimation des pratiques réelles.
Au final, la filière viticole illustre ce que pourrait être un usage plus offensif du web dans l’agriculture qui pourrait en faire non plus un outil seulement de visibilité, mais bien de croissance et de fidélisation.
